Le 6 juillet dernier, pour fêter les vacances scolaires, j’ai proposé à mon fils aîné de m’accompagner à la Foire de Lencloître. Cela faisait longtemps que je projetais de m’y rendre, car j’en gardais de joyeux souvenirs d’enfance avec mes grands-parents. Comme elle tombe le premier lundi de chaque mois, je m’étais promis de profiter d’une date fériée ou de congés (il y a encore cinquante ans, les salariés locaux ne travaillaient pas les jours de foire afin d’être libres de s’y rendre !). Chose promise, chose due… Vous nous suivez ?
Mon fils en profite pour le questionner sur l’origine de cette tradition. « L’histoire de la foire est étroitement liée à celle de la ville et de son monument phare, l’ensemble conventuel. Lencloître est depuis toujours réputée pour son prieuré, situé dans la vallée de l’Envigne et doté de terres de culture maraîchère très fertiles. Antoinette d’Orléans, alors en retraite au couvent des femmes, intercède auprès du Roi pour que les premières foires se tiennent en 1612. À partir du 19ème siècle, elles deviendront mensuelles. »
Nous apprenons également que la ligne de chemin de fer (désormais transformée en Ligne Verte) permettait d’accueillir des commerçants de Paris, tandis que la position de la cité, au carrefour du Poitou, de l’Anjou, de la Touraine et du Berry, favorisait la venue de plusieurs milliers de visiteurs des départements limitrophes. C’est encore le cas aujourd’hui.
Hugo écarquille les yeux ; je souris devant son émerveillement. En effet, on déniche de tout sur ce marché : poulettes, canettes, mercerie, charcuterie, bonbons, chaussons, selles pour cheval, robes estivales, arrosoirs, plantes aromatiques, paniers en osier… Il y en a pour tous les goûts !
Mes stands préférés ? Ceux colorés des maraîchers, l’historique culture locale. Vive la collection été du melon, de l’échalion, de l’abricot et de la tomate !
Je ne résiste pas non plus à l’ambiance bonne enfant de la buvette. Chaque quart d’heure au comptoir, un nouveau débat se lance autour d’un verre. Les groupes préfèreront s’installer sur les longues tables recouvertes de toile cirée vichy rouge et blanc, à côté de la grande cloche.Quand j’interroge mon ado sur ses étals favoris, il répond sans hésiter : « Les poussins, les dindons, les poneys et le baudet du Poitou ». Son petit frère aurait sûrement approuvé !
12h30 Anguille grillée ou tête de veau ?
À l’heure où les cintres et les cageots vides retournent dans les camions, un spot pas comme les autres captive la foule en face du restaurant Le Champ de Foire. Nous nous approchons, attirés par le fumet qui s’en échappe, et découvrons les fameuses anguillettes grillées au feu de bois, typiques de ce marché. On se lance ! Verdict : plus doux que la sardine, avec une légère amertume.
Une bonne surprise.
Autre tradition culinaire perpétuée par les restaurants de la ville et des alentours : la tête de veau sauce gribiche. Nous nous attablons en terrasse pour satisfaire au rite initiatique. Comme imaginé, c’est gélatineux. Complémentaire, la sauce à base de câpres, cornichons, mayonnaise et persil apporte du caractère au plat. Hugo se rabattra sur la bavette à l’échalote.
La gérante nous accueille : « L’entreprise existe depuis 1974, initialement à Saint-Genest d’Ambière. C’est en 2006 qu’elle déménage à Lencloître, dans des locaux plus grands et mieux adaptés. ». Sandra Brion travaille pour la biscuiterie depuis une quinzaine année. Au départ simple ouvrière, elle a été promue à la tête de l’entreprise en 2011. Hugo est admiratif, moi aussi.
À l’origine, la Biscuiterie de Lencloître se consacrait au traditionnel broyé, grand et rond. Au fil des années, la gamme a évolué, que ce soit au niveau de la forme, de la taille ou du packaging (petit pot à lait, boîte à sucre…). Des galettes bio sont proposées depuis 2011. La recette, elle, ne change pas : beurre, farine, sucre et œufs. Le bon goût de la simplicité.
Ces douceurs lencloîtraises sont distribuées dans les grandes surfaces du Grand Ouest, dans les épiceries fines franciliennes, dans les offices de tourisme et les sites touristiques du département. J’apprends que les petits broyés à la fleur de sel (Ré, Oléron, Noirmoutier) trustent les premières places des ventes. Cela ne m’étonne pas car le sel confère un petit plus irrésistible à la saveur classique. À titre exceptionnel, Sandra me fait visiter les coulisses. Dès qu’elle pousse les portes de la partie Fabrication, une délicieuse odeur m’enivre immédiatement. Vous savez, celle du gâteau fait maison qui sort tout juste du four…
Je constate que tout est fait à la main, à part le pétrissage.
Étape 1 : la préparation de la pâte dans les pétrins
Étape 2 : le détaillage pour aplatir et mettre en forme
Étape 3 : la dorure au jaune d’œuf
Étape 4 : la cuisson à 220°C
Étape 5 : le refroidissement (environ ¼ d’heure)
Étape 6 : le conditionnement.
Madame Brion me confie que, lorsqu’elle était ouvrière, son poste favori était celui du détaillage des grandes pièces. J’avoue qu’en ce qui me concerne, l’étape supplémentaire (la dégustation) m’a définitivement convaincue !
Le premier lundi du mois, c’est définitivement à Lencloître qu’il faut être !
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